mardi 20 août 2013

Choisir un "excipient" : quelques repères

Quels que soit les modes d’utilisation qu’elles impliquent, les huiles essentielles sont rarement utilisées pures. Nous présentons ici quelques solutions offertes dans le cas de deux interfaces très répandues : la voie transcutanée et la voie orale.

Voie transcutanée

Rares sont les HE qui peuvent revendiquer une absence totale de dermocausticité : la ravintsara est généralement très bien tolérée par la peau à l’état pur, de même que les HE qualifiées de « baumes », riches en sesquiterpènes, tels le copahier ou la myrrhe.

Dans le cas d’une friction impliquant une action systémique, on associera les HE à un peu d’huile végétale fine, comme la noisette ou le pépin de raisin, adoucissant le contact avec la peau mais ne freinant pas le passage transcutané. Les huiles végétales ne représenteront que 1/3 de la composition.

Dans les applications ciblées sur un organe, y compris la peau elle-même, ou une fonction, les rapports s’inversent et la part aromatique devient minoritaire. Pour soulager une articulation douloureuse, la part d’HE montera jusqu’à 30, voire 50 %. La base végétale ne sera pas nécessairement « neutre » mais complétera l’action des HE. Dans le même contexte d’articulation douloureuse, une base d’huile d’arnica (en réalité, un macérât huileux) sera une excellente base.

Pour traiter un problème cutané, une concentration assez forte d’HE sera parfois nécessaire, par exemple dans les cas de parasitoses (gale) ou d’infections cutanées (érysipèle). Dans ce dernier cas, des HE phénolées comme l’ajowan seront associées à de l’huile de millepertuis, capable de protéger la peau contre leur forte dermocausticité.

Autre exemple : le choix d’un excipient dans le cadre d’une synergie d’HE pour traiter la cellulite ou peau d’orange. Dans ce cas particulier, l’HV de rose musquée constituera un maître-choix destiné à revenir le relâchement de la peau aux endroits traités.

Lorsqu’il s’agit de créer une huile de massage, au-delà de l’effet annoncé, on doit songer à une imprégnation aromatique prolongée qui peut devenir gênante ; dans ce cas, il est rare, voire déconseillé, de dépasser une concentration de 5 % d’HE.

En aromathérapie cosmétique pure, la concentration est systématiquement faible et varie de 1 à 3% .

Voie orale

Certaines essences ou HE peuvent s’ingérer pures. Que l’on pense aux 2 gouttes d’essence de citron léchées sans autre forme de procès ou à 1 à 2 gouttes d’HE de menthe poivrée. Toutefois, l’impression ressentie est généralement forte et la dilution reste un passage obligé.

Ici aussi, l’huile végétale demeure un associé idéal : une cuillerée à café d’huile d’olive ou de germe de blé diluera parfaitement vos 2 gouttes d’HE de basilic, d’estragon, d’origan ou de sarriette.

Les HE des plantes carminatives, comme le fenouil, l’anis, la badiane, la coriandre ou le carvi seront prises facilement avec du miel ou du sirop.

Lorsque la « turista » est installée, l’HE de cannelle (écorce) s’avère très efficace. Certaines recettes suggèrent de prendre de 3 à 5 gouttes, plusieurs fois par jour ! Une dose aussi costaude est alors diluée dans un pansement gastrique, lui-même suivi de la prise d’un ou deux verres d’eau.

Les comprimés neutres sont un support possible pour les faibles doses d’HE. Relevons aussi les gélules simples et les gélules gastrorésistantes. Ces dernières formes ont l’avantage de permettre des dosages personnalisés, à la différence des capsules molles standardisées et proposées dans la plupart des circuits commerciaux.

André Bitsas