dimanche 25 novembre 2012

Raccolage médiatique

Avec d'autres, j'ai eu récemment l'honneur d'apparaître dans une émission de la télévision "publique" belge consacrée à la naturopathie. "Honneur" est un bien grand mot. Tous, autant que nous sommes, qui travaillons dans le domaine de ce qu'on appelle "les médecines douces" (appellation ridicule dont il faut bien s'accommoder), sommes des cibles de choix pour des émissions de ce genre. Diffusée à une heure de grande écoute, l'objectivité de cette émission, et de la chaîne en général, est inversément proportionnelle aux budgets publicitaires qui la maintiennent en vie vaille que vaille.
Bref, on choisit des cibles faciles et qui ne risquent pas de riposter dangereusement : "le bio", "la naturopathie", et j'en passe...
Et plus bref encore : on raccole.
Dans le cadre de cette émission, où la technique de la caméra cachée est abondamment pratiquée, toutes sortes d'intervenants apparaissent. On y amalgame allègrement praticiens honnêtes et personnages, il faut bien le reconnaître, à la limite de la crédibilité. Le spectateur peu averti ou sans esprit critique gardera l'impression que l'ensemble des métiers inclus sous le vocable "naturopathie" rassemblent un belle bande de guignols qu'il convient d'oublier au plus vite.
Nulle part, dans cette émission, est suggéré le fait que la naturopathie a peut être un rôle majeur à jouer en complémentarité avec la médecine officielle. Celle-ci n'a ni les moyens ni le temps de traiter les maladies de civilisation - liées aux déglingues de la société et de l'environnement - que certains spécialistes parmi les plus obtus persistent à qualifier de "maladies moliéresques".
Le seul problème de la naturopathie est son manque de reconnaisance officielle et donc de légitimité. Cette question essentielle a-t-elle été abordée dans l'émission ? A votre avis ?
Seule une reconnaissance officielle de ce métier permettrait de définir sa pratique. Et, par conséquent, de baliser son champ d'activité sans risque "d'exercice illégal de la médecine".
C'est déjà le cas en Allemagne et en Autriche, où le "Heilpraktiker" (guérisseur, naturopathe...) peut exercer en pleine clarté. Deux pays pourtant à la pointe de l'Europe dans de nombreux domaines.
Alors, pourquoi pas en France, en Belgique... ?
Au départ de cette bonne question et sur une véritable chaîne de service public, car non dépendante de la pub, une émission sérieuse aurait pu être réalisée. Un jour, peut-être...