lundi 18 janvier 2010

La question des origines



L'aromathérapie n'est pas une science qui met dans le mille à tous les coups. C'est un art qui se base sur une matière complexe qui vous donne parfois l'illusion de bien la comprendre. Illusion... Dans tous les livres d'aromathérapie, y compris les traités les plus aboutis, on vous décrit les huiles essentielles et leurs propriétés découlant notamment de leurs ingrédients chimiques dominants. Sauf que, dans la réalité, les variabilités géographique et climatique n'arrêtent pas de brouiller les pistes. Prenez l'espèce Myristica fragrans, autrement dit la muscade. On tire de sa noix une HE à l'odeur "montante" caractéristique. La muscade est une HE tonique et anti-infectieuse dont on nous apprend qu'il faut se servir avec prudence : elle contient un éther-oxyde appelé myristicine. Si vous en abusez, elle devient un stupéfiant. Dans certaines prisons, on a pu se servir de la noix moulue dans cette intention. Pour bénéficier de ses vertus - sans les vices - et de sa bonne odeur, il faut donc s'en servir avec modération, en se limitant aux usages externes. Le problème est que cette myristicine varie selon les origines : telle origine indonésienne va dépasser les 10 %, alors que l'origine sri-lankaise que je viens de découvrir et qui m'inspire ce billet, ne dépasse pas 2 % ! L'odeur de la muscade est bien présente, mais en arrière-plan. La personnalité de l'HE est préservée et s'enrichit d'une finesse que je ne m'attendais pas à trouver. Dès lors, la dangerosité de ce "chémotype" devient toute relative, ce qui implique aussi un éventail de propriétés bien plus large, les autres molécules de l'HE pouvant s'exprimer sans l'hypothèque menaçante de la myristicine. L'oenologie et l'aromatologie ont bien des choses en commun.
Je vous présenterai bientôt cette muscade sri-lankaise sur le site Bioflore.